Milo Đukanović (en serbe cyrillique : Мило Ђукановић, prononciation : /ˈmilɔ ˈdʑukanɔʋitɕ/), né le à Nikšić, est un homme d'État monténégrin.
Engagé en politique sous la république socialiste du Monténégro puis sous la république autonome yougoslave du Monténégro, devenue indépendante en 2006, il est Premier ministre à quatre reprises : de 1991 à 1998, de 2003 à 2006, de 2008 à 2010 et de 2012 à 2016. Il occupe également par deux fois la présidence du Monténégro : de 1998 à 2002 et de 2018 à 2023.
Membre à partir de 1979 de la Ligue des communistes de Yougoslavie (SKJ), il est un proche allié de Slobodan Milošević lors de la révolution anti-bureaucratique (1988-1989) et de la dislocation de la Yougoslavie (1991-1992). Il adhère en 1991 au Parti démocratique des socialistes du Monténégro (DPS) – qu'il préside depuis 1998 – et dirige un temps la coalition centriste Monténégro européen.
Au cours de son premier passage à la tête du gouvernement, il prend part au siège de Dubrovnik et soutient le référendum de 1992 sur l'indépendance du Monténégro, qui aboutit au maintien du pays dans la Yougoslavie. En 1996, Milo Đukanović prend cependant ses distances avec Slobodan Milošević et le gouvernement fédéral, abandonnant la vision traditionnelle conjointe serbe et monténégrine pour le nationalisme monténégrin.
Lors de l'élection présidentielle de 1997 (en), il l'emporte de justesse face à Momir Bulatović, à l'origine d'une scission du DPS. En 1999, il négocie avec les pays occidentaux pour limiter les frappes au Monténégro à l'occasion des bombardements par l'OTAN. Après la chute de Milošević, il signe un accord avec le nouveau gouvernement serbe aboutissant à la Charte constitutionnelle de Serbie-et-Monténégro et au référendum de 2006 sur l'indépendance du Monténégro. Il soutient l'adhésion de son pays à l'OTAN et à l'UE. Sur le plan économique, il abandonne le dinar yougoslave pour le Deutsche Mark et privatise des entreprises publiques au profit d'investisseurs étrangers.
Milo Đukanović redevient président du Monténégro, devenu indépendant, à la suite de l'élection présidentielle de 2018. Plusieurs scandales de corruption entourant son parti déclenchent l'année suivante des manifestations anti-gouvernementales, tandis qu'une loi controversée sur la religion provoque une autre vague de protestations (en). Lors des élections législatives de 2020, pour la première fois en trois décennies, l'opposition devance le DPS et ses alliés. Briguant un nouveau mandat à l'élection présidentielle de 2023, Milo Đukanović est battu par Jakov Milatović.
À la fin de son second mandat présidentiel, il est le dirigeant européen en fonction demeuré le plus longtemps au pouvoir après le Biélorusse Alexandre Loukachenko, et le dernier homme d'État issu de la période des guerres de Yougoslavie. Alors que son régime est parfois présenté comme autoritaire, autocratique ou comme une kleptocratie, l'ONG Freedom House range le Monténégro parmi les régimes hybrides et non pas au sein des démocraties. Surnommé « le Seigneur du Monténégro » pour sa longévité au pouvoir ainsi pour ses liens supposés avec le crime organisé, Đukanović est classé en 2010 parmi les vingt dirigeants mondiaux les plus riches par The Independent.