Biographie :Née en Roumanie en 1911, Ekaterina Rouxandra Olt était venue s'installer à Paris en 1926 afin d'y suivre des études de commerce. Attirée par l'art dramatique, elle entre dans le cours de Charles Dullin, et débute au théâtre dans une pièce de Bruckner, La Créature. Elle fait alors partie de la troupe des Pitoëff. Un bel avenir lui est promis, d'autant qu'elle a tapé dans l'oeil de Raimu, qu'elle vénère. Le cinéma lui tend les bras. Elle est face à Harry Baur dans Le Golem de Julien Duvivier (1935).
Elle fait une autre rencontre déterminante : celle de Marcel Dalio. Séduit par "ses beaux yeux un peu enfoncés et ses joues creuses", Dalio est sur le point de l'épouser : le mariage tombe à l'eau parce que les parents de Jany Holt exigent qu'il se convertisse au catholicisme. Le comédien répond : "Mon seul Dieu, c'est le théâtre".
Jany Holt a un physique maigrichon, un nez pointu, l'oeil impertinent, et suffisamment de trouble pour se voir épargnée par les rôles de soubrettes. On lui offre des personnages de jeune mythomane, d'illuminée, de quasi folle, dont elle s'empare avec ardeur. La voilà chez Jean Renoir (Les Bas fonds, 1936), Abel Gance (Un grand amour de Beethoven, 1936), Marcel L'Herbier (La Tragédie impériale, 1937), Jean Dréville (Troïka sur la piste blanche, 1937).
CROIX DE LA LIBÉRATION
L'un de ses plus beaux rôles est celui que lui offre Pierre Chenal dans L'Alibi (1937), où est joue une entraîneuse face à Louis Jouvet et Eric von Stroheim. Admiratrice, elle dit de son metteur en scène qu'il "magnétise sans emmerder". Chenal rend hommage à sa décontraction, son humour hors du commun, et à la façon dont, à la fin du film, "elle a une scène entre rire et larmes à vous arracher les tripes".
Il la rengage en 1938 pour La Maison du Maltais, où elle côtoie Fréhel et la capiteuse Viviane Romance. Dans Pour Vous, Serge Veber écrit : "On se demande comment la braise de ses yeux qui dévo rent son visage ne met pas le feu à son corps sec et nerveux qui ne demande qu'à brûler".
Le théâtre la redemande. Elle se produit dans Les Monstres sacrés de Jean Cocteau, Sainte Jeanne de Bernard Shaw. Réapparaît à l'écran dans Le Baron fantôme (1942) et La Fiancée des ténèbres (1943) de Serge de Poligny, Les Anges du péché de Robert Bresson (1943) : amoureuse en proie aux maléfices, pauvre fille poursuivie par la fatalité sur fond de bûchers cathares, irréductible prisonnière du couvent.
Décorée en 1945 par le général de Gaulle de la Croix de la Libération en 1945 pour services rendus à la Résistance, Jany Holt ne retrouvera pas après la guerre l'aura qui en fit l'une des actrices de tempérament d'avant guerre. De cette fin de carrière citons Non coupable d'Henri Decoin (1947) où elle est partenaire de Michel Simon, Gervaise de René Clément (1955), et sa dernière apparition, dans Noir comme le souvenir de Jean-Pierre Mocky (1994).
La comédienne et actrice Jany Holt est morte mercredi 26 octobre 2005 à l'hôpital américain de Neuilly. Elle était âgée de 94 ans.
Filmographie :
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